
Les artistes du tatouage libéré accompagnent la libre expression pour tous et la pratique de la création artistique partout, essentiellement en prison
Le constat est simple : absolument aucun être humain n’est dénué de culture. L’expression de soi nécessite cependant un apprentissage.
Depuis 2012, les artistes tatoueurs du programme tatouage libéré soutenu par l’association la Rutile, entrent en prison.
Passeurs de culture, ils partagent leurs techniques, principalement de dessin, mais aussi de recherche iconographique. Les artistes se nourrissent autant qu’ils donnent car ils considèrent les prisons comme un grand terrain créatif, un berceau du tatouage où les détenus sont les fers de lance de sa dimension universelle
En tant que technique artistique appliquée sur le corps, le tatouage nécessite des mesures sanitaires à respecter pour éviter la propagation de virus dont la population carcérale souffre plus qu’à l’extérieur (10 à 41 fois plus de VIH et Hépatites que dans la société civile). Le respect de ces mesures fait partie intégrante des compétences transmises par les artistes du Tatouage libéré
Il existe quelque part au Mexique des prisons équipées de salles d’arts plastiques, de presses à gravures, de salles de tatouage sanitairement impeccables, de matériels et de livres d’art en libre accès... Dans ces prisons, les artistes entrent et sortent au fil de résidences artistiques, réalisent des vernissages d’exposition, font vendre leurs œuvres d’art aux détenus, …
L’association La Rutile, œuvre depuis 20 ans pour l’éducation populaire artistique, rayonnant depuis son ancrage en Seine-Saint-Denis vers les lieux de privation et de raréfaction culturelle. Elle a noué des liens avec le programme du Mexique et les artistes qui le soutiennent. Plusieurs d'entre eux ont traversé l’Atlantique afin d’apporter leurs contributions à l’exposition « Des murs sur la peau, tatouages et prisons » mais aussi aux ateliers.
En 2025, le sésame pour venir travailler y compris bénévolement dans les prisons françaises devient de plus en plus difficile pour ne pas dire impossible avec les dernières directives sur la fin des activités ludiques en milieu carcéral.
Aussi longtemps qu’on leur permettra l’accès à ces lieux difficiles, les artistes inviteront à raconter des sentiments, des attachements, des désirs, des blessures… pour mieux se connaître, partager, échanger mais aussi donner confiance, montrer le meilleur d’une population, ouvrir des possibles.
Texte co-signé :
Jacqueline Houplain, fondatrice de La Rutile
Geoffroy Plantier, président de La Rutile